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اقتصاد Dans une étude sur l'impact du Covid19: Le chômage monterait à 17,2 pour cent et la croissance économique baisserait de 4 pour cent

نشر في  16 ماي 2020  (17:25)

Dans une étude publiée par le forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), le professeur universitaire Azzam Mahjoub a présenté une contribution importante qui met en exergue les implications sociales de la pandémie en termes d’inégalités et de vulnérabilités à la pauvreté et au chômage et aussi d’explorer quelques scénarios pour l’après pandémie.

Pour le professeur Azzam Mahjoub, la pandémie du Covid 19 a été (et sera), sans conteste, un grand moment de VERITES MULTIPLES. En effet, elle n’a pas n’a pas manqué de révéler au grand jour nos fragilités et vulnérabilités, tant pour chaque individu d’entre nous que pour chaque pays, ou pour l’ensemble de la communauté internationale.

L’économiste présente alors les scénarios possibles quant à la croissance économique et au chômage et appelle à la nécessité d’une mobilisation pour prendre des mesures urgentes tel que le rééchelonnement de la dette en rappelant que la Tunisie compte environ 1 694 000 personnes vivant en situation de pauvreté et que ce chiffre risque de s'aggraver avec la crise actuelle. En effet, la Banque Mondiale prévoit une baisse de la croissance économique de 4% avec un taux de pauvreté de 4.4 points en plus, 515700 personnes viendront gonfler le nombre de pauvres. Le chômage quant à lui monterait à 17,2%.

Aggravation des inégalités sociales

Le Professeur Azzam Mahjoub part d’un certain nombre d’écrits et de constats selon lequels la crise sanitaire actuelle est en train d’aggraver et aggraverait dans le court et moyen terme les inégalités sociales dans des proportions significatives. La pandémie, dans son déroulement, exacerbe, selon lui, les inégalités en les rendant plus visibles, et, souvent, plus dramatiques en termes de pertes d’emplois, de manques de ressources vitales, de conditions de vie, de logements, d’exposition à la maladie, de gestion de la vie domestique, de la relation conjugale.

Le confinement entre prévention et détresse sociale

Pour le professeur Mahjoub, le confinement considéré comme le moyen ultime de la prévention pour réduire la propagation du virus a mis au grand jour, les inégalités de résilience face à la pandémie du fait des disparités de revenu disponible pour l’accès aux ressources vivrières vitales en raison de la cessation subite de l’activité et la perte immédiate d’emploi ou de de revenu. D’où les colères exprimées et l’insoumission protestataire au confinement augmentant les risques de contamination. L’afflux massif et désordonné sur les bureaux des Postes pour recevoir les aides décidées par le gouvernement tunisien au début du mois d’avril est révélateur de la détresse de nombre de personnes pour assurer leur survie pour les uns, et un minimum de sécurité économique pour les autres. Mahjoub rappelle qu’en 2015, ce seuil était établi à 1706 DT par personne et par an, soit environ 4.7 DT par personne et par jour (5.7 $ US PPA environ). L’incidence de la pauvreté ou taux de pauvreté est de 15,2%. Soit environ 1 694 000 personnes vivant en situation de pauvreté.

Pauvreté et Coefficient de disparités

Pour ce volet, l'économiste a choisi de présenter un tableau qui montre l'évolution du coefficient de disparités qui compare les taux de pauvreté entre les régions où il est le plus bas à celles où il est le plus élevé. Ainsi en 2005, par exemple, le taux de pauvreté absolue était de 1.6% dans le Grand Tunis alors qu’il était de 18,8% dans le Centre Ouest, soit 11 fois plus.

Ce coefficient a continué à augmenter au fil des ans pour s’établir à 28 en 2015 révélant un écart effrayant entre les grandes villes et les régions du Centre Ouest, expliquant, par là même, l’une des causes profondes de la révolution. Mais l'étude relève aussi que ces écarts se sont accrus avec plus d’intensité entre 2010 et 2015!

Vulnérabilité à la pauvreté

Le Professeur Mahjoub s’arrête aussi à la notion de la vulnérabilité à la pauvreté qui est définie comme le risque (ou la probabilité) que des personnes S’ENFONCENT encore plus ou TOMBENT dans la pauvreté à la suite du choc économique induit par la pandémie.

La vulnérabilité à la pauvreté a 3 composantes : l’exposition aux risques économiques suite à la pandémie, la résilience face à elle et son impact mesurable par le niveau des dégâts humains et matériels occasionnés. Les interactions de ces composants déterminent le degré de vulnérabilité.

Pour faire des prévisions en terme d’impact de la récession (la décroissance économique) sur la pauvreté et la vulnérabilité, l'économiste a élaboré 4 scenarios hypothétiques simples mais illustratifs de ce qui pourrait arriver :

-Le 1er avec une baisse de la croissance économique de 1% : le taux de pauvreté augmenterait de 1.1 points, ce qui se traduirait par une augmentation du nombre de pauvres de près de 129 000 personnes.

- Le 2ème avec une baisse de la croissance économique de 3% : le taux de pauvreté qui augmenterait de 3.3 points et entrainerait un accroissement du nombre de pauvres de près de 327 000 personnes

- Le 3ème avec une baisse de la croissance économique de 4% (correspondant à la prédiction de la Banque Mondiale) avec un taux de pauvreté de 4.4 points en plus, 515700 personnes viendront gonfler le nombre de pauvres

- Le 4 ème , avec une baisse de la croissance économique de 5% :  l’augmentation du nombre de pauvres serait de 644 712 personnes, soit un taux de pauvreté de 20.7%.

Dans ce dernier scénario catastrophique on perdra en une année ce que nous avons gagné en réduction de la pauvreté entre 2010 et 2015, soit près de 5 points ! Ces nouveaux pauvres seraient, justement, des personnes qui vivaient une situation de vulnérabilité et qui seraient tombés sous le seuil de pauvreté.

La vulnérabilité, la pauvreté et les inégalités sont de fait très liés et sont des questions graves et doivent, par conséquent, devenir une préoccupation centrale des pouvoirs publics dans l’avenir selon Azzem Mahjoub.

Les effets probables sur l’emploi de la crise économique induite par la pandémie

Azzam Mahjoub définit « la vulnérabilité au chômage » comme le risque (ou la probabilité) que des personnes exerçant un emploi ou une activité d’emploi précaire TOMBENT dans le chômage et généralement dans la pauvreté à la suite du choc économique induit par la pandémie pendant son déroulement et aussi dans l’après pandémie pour une période indéterminée.

Mahjoub rappelle que la Tunisie n’a connu, depuis 1970, que 4 années de croissance négative à savoir 1972 (-0.7%), 1982 (-0.1%), 1986 (-0,8%) et 2011 (-2%).

Il se propose de présenter 3 scenarios hypothétiques comme récemment. Avec des taux de croissance de :

1) -1% , les pertes d’emplois seraient de 15850 et le taux de chômage passerait à 16.1%.

2) -3% , ils seront 47550 pertes d’emplois et avec un taux de chômages qui serait à16,9%

3) -4% ( correspondant aux prédictions de la BM).63400 emplois seraient perdus et le chômage monterait à 17,2%

4) -5%, 79250 emplois seraient perdus et on aurait un taux de chômage de 17.6%

Le 3ème scénario est le plus proche des estimations des institutions internationales (-4% pour la Banque Mondiale, ou - 4.3% pour le FMI). Mahjoub dit que cet exercice est purement illustratif avec des points de repères pour les politiques publiques qui doivent être des politiques anticipatrices, proactives s'inscrivant surtout dans la durée (à moyen terme au moins) pour éviter le scénario du pire et parvenir au scenario le moins défavorable.

La centralité de la question sociale

Professeur Mahjoub conclut son étude en supposant que la question sociale va acquérir une centralité manifeste dans l’immédiat et le futur. En effet, La pandémie a mis au grand jour et avec éclat les inégalités sociales.

Il conclut et appelle à ce qui suit : « L’ampleur inédite de la récession induite par la pandémie entraînera une décroissance économique inégalée et d’intensité variable selon les pays et régions. Le chômage sera massif, et l’appauvrissent généralisé, avec une augmentation de la pauvreté extrême et de la vulnérabilité. La résilience des Etats face à la crise est inégale. La capacité en terme de gouvernance et aussi de moyens financiers dans les pays pauvres ou à revenu intermédiaire faible, comme la Tunisie appelle à des mobilisations nationales d'abord mais, également, régionales et internationales. A ce titre, la question de la dette est cruciale pour nos pays. L'annulation de tout ou partie, la cessation de paiement temporaire (moratoire), le rééchelonnent, le recyclage, le profilage de la dette doivent être l’ordre du jour. »

Lien de l'intégralité de l'étude:

http://ftdes.net/rapports/COVID-AZ19.pdf